Bonjour Sterenn et bienvenue à toi ! (je me permets de tutoyer assez facilement sur les forums, n'hésite pas à me dire si cela dérange)
Ce forum a pour vocation d'être le plus ouvert possible au niveau des inscrits et je te remercie pour ce message. Je ne m'exprime en général pas sur les questions de médecine ou d'aptitude mais il s'agit d'une problématique plus générale que tu soulèves, aussi voici ma "réaction" ou plutôt mon point de vue. D'abord je pense qu'il n'est pas possible de généraliser à la profession car il s'agit d'un sujet de société sensible auquel chacun réagira en fonction de ses expériences passées, de son bagage culturel et de son éducation. D'un point de vue strictement "médical" je trouve réducteur et contreproductif de parler de "syndrome" pour décrire ce que tu vis (merci d'ailleurs, je ne savais pas qu'il existait un nom de syndrome). Ce terme renvoie à la maladie, or je doute que tu te sentes malade ! C'est une sémantique délicate tant certains termes sont vécus comme stigmatisants, mais je trouve difficile de parler de la transsexualité comme étant un trouble de l'identité sexuelle et donc une maladie (cela dit, de ce point de vue je ne suis pas beaucoup plus informé que le citoyen lambda !).
En tant que médecin je considère absolument hors de question d'émettre un jugement sur mes patients, leurs choix ou leur mode de vie (si on peut parler de choix, ce qui n'est pas tout à fait le cas je crois). C'est cependant certain que dans la situation que tu décris je serai surpris au moment de l'examen clinique si je n'ai pas été prévenu avant. Je suis profondément attaché au respect des personnes et dans cette situation je m'efforcerai de ne pas laisser paraître ma surprise mais je pense que j'aborderai quand même le sujet en posant la question de l'identité sexuelle. En pratique j'interroge de toute façon systématiquement les salariés sur leur situation familiale et leur mode de vie (activité sportive, loisir, etc.), comme la majorité des médecins du travail (sinon tous!). Ça peut être le bon moment pour le préciser au médecin, évitant ainsi une gêne mutuelle lors de l'examen clinique. Ainsi la réaction du médecin ne sera a priori pas spécialement déplacée sauf s'il y est farouchement opposé, et encore ce serait une faute déontologique de le faire remarquer.
Évidemment le secret médical protège le contenu de la consultation et il n'y a pas à craindre d'indiscrétions de la part du médecin du travail.
Il y a juste un petit détail qui m'échappe cependant dans ta situation : tu as déjà rencontré le médecin du travail de ton entreprise lors d'une précédente visite ? Si oui a priori il connait déjà ta situation, non ?
Voilà pour mon avis. Le forum est en cours de restructuration et peu de mes collègues le consultent pour le moment mais j'espère que tu auras d'autre réponses.